Rider les glaciers et les faces mythiques de l’Alaska en snowboard avant de rejoindre l’océan au fil de l’eau pour surfer les vagues du Pacifique : voici le défi que s’étaient fixés Mathieu Crépel et Damien Castera. Une sacrée aventure entre snowboard et surf dont voici le récit.

Tout a commencé le 8 mai 2015. Mathieu Crépel, le snowboarder et Damien Castera, le surfer, et leur équipe technique embarquent pour l’Alaska. Tous deux sont pros dans leur discipline, mais aussi très talentueux dans celle de l’autre (Mathieu surfe depuis son plus jeune âge, Damien est un bon snowboarder). Et tous deux partagent un élément : l’eau. Que ce soit sous forme solide (neige ou glace) ou sous forme liquide, l’eau conditionne la pratique de leur sport. D’où l’idée d’un trip au fil de l’eau, des glaciers d’Alaska à l’océan en passant par les torrents, rivières et fleuves qui les y conduisent.

« Après une journée de préparatifs, nous avons été dropés sur une vallée glacière gigantesque surplombée par de magnifiques montagnes. Drake, notre pilote, est une de ces figures emblématiques du Grand Nord : tignasse grisonnante, trogne de brigand, juron facile, la soixantaine bien tassée mais paraissant quinze de moins. Il est reconnu par ses pairs comme l’un des tous meilleurs bush pilotes du pays.

Nous voilà partis pour 6 jours intenses avec une moyenne de 8 à 10h de marches quotidiennes. Au programme : exploration des langues glacières, ascension des différentes faces environnantes en splitboard, découverte des joies et aléas de la vie en camp de base, familiarisation aux rudiments de l’alpinisme et premières descentes engagées en snowboard pour Damien qui découvre avec un mélange d’excitation et d’appréhension, l’environnement sauvage de la haute montagne. Mathieu Crépel évolue quant à lui dans son élément  : après des heures d’escalade pour atteindre les sommets, il s’élance dans des couloirs vertigineux. Will, notre guide local, veille au grain et ouvre les voies les plus périlleuses.

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 La cohésion de l’équipe semble bien installée, chacun apportant au groupe la singularité qui lui est propre. Un guide des Hautes Alpes (Tomy Lamiche), un autre d’Alaska, un réal Parisien, un cadreur Niçois, un photographe de Saint Jean de Luz, un snowboardeur Pyrénéen et un surfeur Basque. De bons camarades de cordées pour rallier les montagnes à l’océan.

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Après une semaine d’expédition en splitboard, nous continuons le voyage au fil de l’eau depuis la source du glacier. Ces petites veinures d’eau liquide parsemées de glaces sont si étroites que nous choisissons de les descendre en packraft (petits rafts individuels). Après 11h de ride, nous parvenons au point de transition. Le ruisseau se transforme maintenant en rivière, les forêts de résineux ont remplacé la roche des montagnes. Aux packrafts se substitue le canoe traditionnel du Grand Nord. La deuxième partie de l’aventure peut commencer !

Les snowboards calés au fond du canoë, les lignes de pêche tendues dans le courant, les sacs de matériel et de provisions bien arrimés au milieu de l’embarcation, nous pénétrons dans l’ombre d’immenses forêts primaires.

 

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En amont d’un des affluents de la rivière, nous faisons la rencontre de NicolaÏ, un orpailleur de la vieille école. Avec son fusil à canon lisse, son regard vif et sa silhouette charpentée pour la vie dans les bois, Nicolaï est l’archétype même du chercheur d’or du grand Nord. A 25 ans à peine, il possède déjà plusieurs exploitations et passe ses journées à fouiller la terre en quête du métal roi. Après de chaleureuses présentations, il nous invite à passer quelques jours en sa compagnie et nous dévoile une partie de ses richesses. « Vous verrez, le filon est proche, tout les indices indiquent que j’ai raison. Et ces aventuriers du siècle dernier en sont arrivés aux mêmes conclusions que moi. »

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Après la descente des montagnes et des rivières menant au golfe d’Alaska, l’expédition Odisea s’est aventurée au cœur des forêts en direction de l’océan. Le but final de notre odyssée étant de surfer aux pieds de l’imposant Mont St Elias qui culmine à plus de 5400m d’altitude.  L’aventure itinérante laisse alors place à la robinsonnade l’espace de deux semaines : une corde pour le linge, un stock de nourriture sèche pour ne pas attirer les ours, un banc en bois, planches de surf et cannes à pêche. Malheureusement, si le soleil fut de la partie durant les premières semaines du voyage, nous connaissons maintenant l’épais brouillard et la pluie en continu. Nous restons confinés dans notre tente de nombreux jours durant à lire et à dormir. Vent on-shore, houle courte, visibilité quasi nulle ; la mission surf s’annonce mal.  Finalement, une petite fenêtre météo laisse présager du surf dans les prochains jours. Nous sommes gonflés à bloc, prêts à partager le sanctuaire de l’orque et du lion de mer,  et de compléter ainsi, après 5 semaines d’aventures,  notre odyssée passionnante au fil de l’eau. « 

Le film de leur aventure sera sur Ushuaïa TV cet automne. Photos de Greg Rabejac.

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