Snowboard… freeride… s’il ne fallait citer qu’un seul nom, il y a fort à parier que celui de Jeremy Jones reviendrait souvent. Cet américain originaire de Lake Tahoe est considéré comme l’un des plus talentueux de l’histoire du snowboard .
Glisshop : Raconte-nous un peu tes débuts ?
Jeremy Jones : J’ai découvert le snowboard où j’habitais avant, dans le Vermont, le berceau de Burton Snowboards. Je gravitais déjà dans le skate, le surf et même le ski. Je crois que j’attendais inconsciemment l’arrivée d’un nouveau sport tel que le snowboard. Quand les premières boards sont apparues dans le shop local, j’ai été immédiatement séduis.
G : Qu’est-ce qui t’a plu ?
JJ : Très vite, je me suis rendu compte que je pourrais réaliser des tas de tricks que je ne pouvais faire sur un skateboard. J’ai remarqué les similitudes entre ce nouveau sport et le skate et le surf. Encore aujourd’hui, ces deux sports influencent totalement ma manière de faire du snowboard.
G : Quelle est ta spécialité ?
JJ : Je suis évidemment plus connu en tant que freerider. Ma passion est avant tout dirigée vers les montagnes vierges, même si je respecte profondément les autres disciplines du snowboard.
G : Quelle définition du freeride pourrais-tu donner ?
JJ : Pour moi, le freeride, c’est évoluer en montagne, c’est la solitude conjuguée avec sa propre créativité et son interprétation dans la manière d’utiliser le terrain. Ce que j’adore dans le freeride, c’est que c’est toujours ouvert car il n’y a aucune vérité absolue. Chacun peut avoir une vision différente, il n’y a pas de vrai ou faux.
G : Cette créativité est-elle seulement propre au freeride ?
JJ : Pas forcément. Si tu rides dans un park, tu peux créer de nouveaux tricks ou les réaliser de manière différente. Par contre, tu es obligé de rider le même kicker sans cesse. En freeride, la recherche perpétuelle de nouveaux terrains fait partie des règles du jeu. C’est ce que je trouve vraiment excitant. Aujourd’hui, plus je passe de temps en montagne, plus j’ai envie d’y rester et de me tenir éloigné de la foule.
G : Justement, quel type de terrain recherches-tu aujourd’hui ?
JJ : On est tous à la recherche de la ligne parfaite qui combinerait tous les aspects du snow : quelques sauts de barres, des touts droits, des windlips, slashs, rollers, pillows… Pour moi, le run ultime, c’est d’arriver à combiner tous les aspects du sport en une seule descente.
G : Et le danger dans tout ça ?
JJ : Les avalanches sont évidemment le danger le plus présent. En général, on ride des pentes sur lesquelles on n’a jamais mis les pieds. On ne peut pas toujours savoir ce qu’il y a de caché sous la neige. Pour cela, il est primordial d’être toujours à l’écoute des indices que nous lance la montagne pour minimiser les risques et rester prudent. La montagne change chaque jour, il faut être capable de comprendre ces changements. Tu dois avoir un minimum de connaissance sur la manière dont l’élément neige évolue car ce n’est pas parce que les conditions étaient sûres hier, qu’elles le sont encore aujourd’hui.
G : Comment apprend-on ce genre de choses ?
JJ : De plusieurs manières. D’abord, en lisant quelques livres sur le sujet. Ensuite, on apprend aussi beaucoup en côtoyant des gens pointus, en leur posant des tas de questions. Enfin, je sais qu’on apprend aussi beaucoup par ses propres erreurs. Evidemment, je ne recommande pas ce type de pédagogie car cela peut s’avérer très dangereux, mais je sais que les plus grandes leçons que j’ai retenues sont issues des erreurs que j’ai commises en montagne.
G : Quelle relation entretiens-tu avec l’élément montagne ?
JJ : J’ai toujours organisé mon existence autour de ce besoin de vivre auprès d’elle, de rechercher perpétuellement les meilleurs terrains et les meilleures conditions de neige. Ma vie est la montagne.
G : Cette passion date de longtemps ?
JJ : Je me rappelle, j’avais douze ans. Un jour, j’ai pris la décision cruciale que plus tard, je partirais vivre en montagne. Je ne savais pas encore comment mais j’avais décidé de tout faire pour rendre ce rêve possible. Ensuite, cela a dirigé toute ma vie : où je vis, mon métier, la femme avec qui je me suis marié… tous mes choix de vie ont été liés à la montagne.
G : Et si tu n’avais pas été freerider ?
JJ : Il m’est très difficile de m’imaginer vivre sans ces journées magiques. Le freeride a fait la personne que je suis aujourd’hui. Le vide serait immense.