A la base, il y a quatre copines, trois skieuses et une snowboardeuse, et une idée : partir rider les couloirs de l’île de Baffin, en arctique, en totale autonomie. Un projet un peu fou qui vient de se concrétiser, puisque Marion, Mélanie, Chloé et Fanny sont rentrées . Interview.
?Marion Poitevin, aspirant guide et première femme à entrer au GMHM (groupement militaire de haute montagne), Chloé Laget et Mélanie Martinot, monitrices de ski et Fanny Gras, snowboardeuse, se sont rencontrées via des amis communs et grâce aux compétitions de Freeride FWQ (Freeride World Qualifier).
C’est Chloé qui rêvait du Grand Nord et a entraîné les filles dans l’aventure. Après un an de préparatifs, elles sont enfin parties début mai. Après 3 semaines d’autonomie et de multiples aventures, elles sont de retour, et prêtes à répondre à nos questions :

Concrètement, quel a été votre itinéraire ?
 
Nous sommes arrivées tout d’abord à Clyde River, dans la région du Nunavut. Nous y sommes restées quelques jours en camping pour se préparer. Puis on a embarqué pour 120 km (7 h) de snowscoot, destination Sam Fjord et ses falaises minées de couloirs.
Là a commencé notre autonomie, seules au milieu de la banquise. Nous avons établi trois camps différents, dont un face au couloir mythique Polar Star où nous avons passé une semaine à rider les couloirs alentours. Pour finir, nous avons continué notre itinérance, en passant par Revoir Pass et Edlington Fjord pour revenir à Clyde River en rando, savourant les paysages et le calme des fjords.

 
Quels couloirs avez-vous ridé ?

Le plus connu est Polar Star, certainement l’un des plus beaux et des plus impressionnants du monde : plus de 1200 m de couloir dans l’axe, avec une pente entre 40° et 50°. Nous avons eu du vent ce jour là et de la grisaille à l’aller, ce qui rendait l’ambiance particulière.
Nous avons aussi fait un couloir expo Sud, sans nom et… sans neige.
Notre meilleur souvenir reste le couloir en Y, avec une arrivée au soleil et un Inuksuk (cairn local). Superbe, et en plus on a bien ridé !
Pour le dernier, « l’Ultima », qui était bien encaissé et ne sortait pas au sommet, nous avons eu une très belle vue. Et malgré le fait qu’on était un peu sur la glace dans la partie raide en haut, ce fut un beau run.
 
 
Comment s’est passée l’autonomie ?
 
L’ambiance entre nous a été très bonne, nous avons sût nous entraider et être attentives pour que les difficultés n’entament pas l’harmonie du groupe. Nous sommes fières car ce n’était pas facile. Le froid a été vraiment intense, on a passé la première semaine constamment entre -30°c et -35°c et nous avons eu quelques gelures après le premier couloir. Nous avons alors réalisé qu’on ne peut pas autant en faire qu’à la maison, parce que le froid oblige à se ménager ! Nous avons réussi à faire preuve d’endurance et de ténacité: personne ne s’est jamais plainte ! Nous avons aussi eu notre lot d’anecdotes rigolotes, et de belles rencontres : 2 québécois très sympas qui nous ont appris plein de choses et une famille Inuit avec qui nous avons fait du chien de traîneau… Et désormais, nous sommes sûres d’une chose : L’Homme (et la femme encore plus 🙂 ) est capable de s’adapter aux conditions les plus difficiles, en étant bien motivé, équipé et préparé !

Aimeriez vous faire une nouvelle expédition du même type ?

Pourquoi pas une expé en altitude, un sommet sympa qu’on puisse descendre à ski et en snowboard !