A quelques jours de leur départ à Sochi, les riders français sont en trainings à Tignes. Nous en avons profité pour interviewer Kevin Rolland une dernière fois, histoire de faire un point avant les Jeux Olympiques. Ski, tricks, pression, concurrence, où en est il ?
Salut Kevin, alors comment te sens tu quelques jours avant les Jeux ?
Super bien, je suis en forme ! Physiquement, je suis mieux que les années précédentes, on a désormais un préparateur physique et on sent la différence. Le but était d’arriver à cette période moins fatigué, et ça a marché. Sinon, moralement, avoir été régulier en début de saison me met davantage en confiance.
Comment as tu mis à profit ce dernier stage à Tignes ?
Je travaille en ce moment des détails, pour peaufiner mes runs, progresser là où je suis moins bon. C’est du réglage, on ne chamboule plus rien. On fait et on refait nos tricks pour être le plus possible en confiance, précis et régulier. J’espère que ces petits détails feront la différence.
Justement, que penses tu de la concurrence ? David Wise est ton rival n°1, Torin Yater Wallace est blessé…
C’est sûr que l’homme à battre c’est David Wise, mais désormais, j’ai les armes pour riposter. L’année dernière, j’avais beau poser mon plus beau run je restais derrière, alors que cette année, c’est différent, je me sens tout à fait capable de passer devant. Mais le niveau de ski étant très homogène, on peut considérer que 5 ou 6 mecs peuvent être champions olympiques à Sochi s’ils posent leur run, donc il n’y a pas que lui ! Torin est blessé aux côtes, mais à 18 ans, il se remet vite et il a à coeur d’assurer aux Jeux et de mettre des gros runs.
Vous serez plusieurs jours sur place, dès samedi et jusqu’au 23. Vas tu aller voir d’autres épreuves ?
Oui, j’espère que j’aurais du temps entre les trainings pour aller voir les copains ! J’irais bien sûr voir le slopestyle, car j’adore ça, je suis leurs contests tout l’hiver. J’irais aussi voir le pipe en snowboard, car c’est intéressant pour notre sport. Et puis tous les potes, que ça soit en ski alpin, en biathlon, etc… On va supporter les français !
Vous allez vivre l’aventure tous ensemble, puisque même Xavier part avec vous, c’est ce dont vous rêviez …
Oui, c’est ce qu’on avait prévu, c’est l’aboutissement de ce qu’on a créé il y a 6 ans maintenant. On a tout vécu ensemble, évolué ensemble, c’est génial d’arriver là de partir au complet. On a eu de grosses incertitudes pour Xavier et on est super heureux qu’il puisse venir avec nous. C’est une belle histoire d’amitié qui nous donne beaucoup de force et qui rend le truc super fun au quotidien. C’est génial, dans les moments où tu as un max de pression, d’avoir un pote à côté pour t’encourager, te rassurer ou te pousser à te dépasser. Et même s’il y a de la rivalité quand on est sur les skis, car on est tous des compétiteurs, on reste ultra potes et on partage des trucs de dingue !
Tu as rencontré des grands sportifs titrés aux J.O comme Carl Lewis, Renaud Lavillenie, que t’ont ils apporté ?
Ils m’ont dit des choses assez simples finalement, mais quand c’est des mecs comme ça qui te le disent, ça a forcément un autre impact. Ma grosse question, c’était «qu’est ce qui est différent aux J.O» ? Et je me suis rendu compte que la seule chose qui change, c’est la conception qu’on peut en avoir, et l’attente des gens, du public, par rapport à mes résultats. J’ai compris qu’il fallait ne pas avoir peur de perdre, de mal faire. Il faut arriver avec un état d’esprit de vainqueur, avec l’envie de donner le meilleur, de se faire plaisir. Carl Lewis m’a dit : tous les mecs qui font du saut en longueur et qui ont peur de mordre, eh bien, c’est eux qui vont mordre ! Ca m’a fait prendre conscience qu’il ne faut surtout pas se dire «c’est une grosse échéance, j’ai une chance tous les 4 ans, faut pas que je me loupe». Ne pas penser à ce qui peut mal tourner, simplement se concentrer sur ce qu’on sait faire, sur ce qu’on maîtrise. Et tout se passera bien.