Il a neigé dans les Alpes, certains ont déjà pu faire un peu de ski à Tignes. Et comme chaque année, cela nous rend très impatients que l’hiver arrive, tout en espérant qu’il soit bien enneigé. C’est tous les ans la même chose, on rêve tellement de ski qu’on est tous contents quand les vieux montagnards annoncent : « il y a des fruits sur les sorbiers, l’hiver sera rigoureux », « les oignons ont beaucoup de peaux, il fera froid ». En attendant de rechausser les skis, on est tenté de consulter les prévisions saisonnières des sites spécialisés (comme Météo La Flèche) qui, soit dit en passant, nous annoncent un hiver chargé en précipitations mais plutôt doux. Pourtant, nous avons consulté trois météorologues qui ont tous le même avis : ces prévisions ne peuvent pas nous indiquer avec fiabilité s’il y aura de la neige en abondance ou pas.

> Comment sont réalisées les prévisions saisonnières ?

Comme pour les prévisions classiques, les météorologues utilisent des simulations informatiques. A l’échelle de la saison, l’élément clé est la variation océanique. La façon dont l’océan interagit avec l’atmosphère modifie les lieux de passage des perturbations atlantiques.

> Pourquoi réaliser des prévisions saisonnières alors que leur fiabilité est limitée?

Les performances des prévisions saisonnières sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et plus justes sur la ceinture inter-tropicale, sur le pourtour du Pacifique, que sous nos latitudes tempérées. Beaucoup de nos départements et territoires d’outre-mer se situent dans des zones pour lesquelles la fiabilité des prévisions saisonnières est bonne, elles leurs sont donc très utiles. Malgré leur fiabilité limitée à nos latitudes, ces prévisions présentent un intérêt pour les professionnels dont l’activité est météo-dépendante (énergie, assurance, agriculture, hydrologie).

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> La météo, en montagne, ça marche comment ? Pourquoi les météorologues se trompent parfois ?

La météo nationale est pilotée par Météo France Toulouse. En montagne, et notamment dans les Alpes, des antennes locales élaborent en plus leur propre bulletin, comme c’est le cas à Chamonix, Bourg Saint Maurice, ou Briançon. Les météorologues consultent un modèle informatique qui traite les images radar et satellites, et l’ensemble des données relevées sur le terrain par les stations météo et les balises automatiques. Le modèle produit ainsi une simulation du temps pour les heures à venir. Le prévisionniste va ensuite les ajuster et les confronter, pour déterminer les températures minimales et maximales, la durée et nature des précipitations (limite pluie/neige), le vent etc… En montagne, il faut aussi affiner la prévision en fonction de l’altitude et du relief. Cette analyse d’un expert est indispensable car tous les modèles informatiques ont des limites, surtout en montagne, où leurs données sont encore imprécises. Le relief a un impact important sur l’évolution des phénomènes météo. La météo de montagne nécessite donc un vrai travail d’analyse par des techniciens, rodés à cet environnement particulier, avec des connaissances précises sur ces mécanismes.

Parfois, ils se trompent, et on est les premiers à râler. Mais il faut savoir que parfois l’atmosphère est très perturbée, tout peut changer vite et de façon très localisée : certaines évolutions sont compliquées à prévoir, tant dans leur intensité que dans leur déplacement, leur chronologie. Dominique Oliver de Météo Bourg Saint Maurice, nous expliquait aussi que « d’une manière générale, l’évolution des perturbations qui nous arrivent de Méditerranée est plus complexe et difficile à prévoir que pour celles venues d’Atlantique. » C’est le cas par exemple des fameux retours d’Est, qui touchent souvent La Rosière, Val d’Isère, Serre Chevalier ou le Queyras. Ces dépressions qui sévissent sur le Golfe de Gênes, en Italie, débordent localement sur les zones frontalières françaises, alors qu’à quelques kilomètres, il fait beau !

Dans notre société où l’homme contrôle tout, la météo est encore un des éléments qui nous échappent, alors laissons la nature nous réserver une belle surprise pour l’hiver à venir…