Glen Plake, pionnier du ski extrême, skieur freeride libre et déjanté, a eu beaucoup de chance ce week end, puisqu’il fait partie des rescapés de l’avalanche du Manaslu, qui a eu lieu dans la chaîne de l’Himalaya .
Il promène sa grande crête iroquoise aux 4 coins du monde, mais il vit à Chamonix. Il est américain, mais Chamoniard d’adoption, et c’est un personnage incontournable de la scène du ski freeride. Un peu punk, un peu décalé, Glen Plake n’en est pas moins un grand skieur et sportif auteur de premières et de runs très engagés. Il était parti cet automne au Manaslu avec pour but de skier depuis le sommet (le 8ème plus haut du monde) et sans oxygène. Il était accompagné de deux amis, Rémy Lécluse et Greg Costa, eux aussi freeriders émérites. Ils étaient parvenus au Camp n°3, quand dimanche matin, l’avalanche, partie plus haut, a balayé leurs tentes. Greg et Rémy sont malheureusement toujours portés disparus, Glen Plake est un vrai miraculé. Très vite, il a appelé ses proches pour les rassurer, et voici, traduit pour vous, le coup de fil qu’il a donné à son ami Trey Cook, du site Epic TV :
«Je vais bien, un peu amoché, il me manque quelques dents et j’ai un œil au beurre noir, mais écrit en grosses lettres : GLEN PLAKE EST VIVANT ET IL RENTRE A LA MAISON. C’est un accident majeur qui s’est produit. Il y a jusqu’à 14 personnes portées disparues. Il y avait 25 tentes au camp n°3 et toutes ont été détruites, 12 tentes au camp n°2 ont été abimées et déplacées. Greg et moi étions dans une tente, Rémy dans une autre. Il était 4h45 et j’étais dans mon sac de couchage avec ma lampe frontale en train de lire la bible quand nous avons entendu un rugissement. Greg m’a regardé et m’a dit : «C’est une grande rafale de vent», puis une seconde plus tard, «Non, c’est une avalanche.» Ensuite, ça nous a percutés. J’ai été traîné sur 300 mètres sur un sérac plus bas, j’étais encore dans mon sac de couchage, à l’intérieur de la tente (…). Là bas, nous allons tous dormir avec nos ARVA, alors, je suis tout de suite sorti de la tente et j’ai commencé à chercher. J’ai cherché durant 10 minutes avant de m’apercevoir que j’étais pieds nus. J’ai trouvé tout ce qui était dans ma tente – appareil photo, sac de couchage, chaussures de ski, c’était comme si quelqu’un avait jeté mon matos à l’arrière d’un pick-up – mais il n’y avait aucun signe de Greg. Rémy et sa tente étaient aussi introuvables. Le team Dynafit, du skieur canadien Greg Hill, qui dormait plus haut au camp 2, est immédiatement venu à notre rescousse. Sergio, Stéphane, Doji notre Sherpa, sont aussi venus chercher (…). Quand le brouillard est devenu trop épais, nous avons dû mettre fin aux recherches. C’était une chute massive de sérac, probablement 600 à 700 mètres de diamètre. Il s’agit d’une zone de guerre ici.»