Site icon Glisshop.info

Une sortie de 90 km en ski de fond dans le massif du Sancy !

Sortie en ski de fond dans le Sancy

Sortie en ski de fond dans le Sancy

Janvier 2021, 4 copains d’enfance décident de partir pour une sortie de folie en ski de fond dans le massif du Sancy. Au bout de cette journée, un seul objectif : passer un bon moment ! L’équipe est composée de François Lesca, Greg Russias, David Lacoste et Romain Maillard. Ensemble ils vont parcourir 90 km autour du Sancy en ralliant 8 départs de domaines nordiques. Une journée inoubliable sous une superbe météo avec aucune contrainte de temps à part les emplois du temps de chacun et les horaires couvre-feu. On retrouve donc François Lesca, guide de haute montagne qui nous raconte cette journée.

David qui filme, François, Romain et Greg (crédit photo : François Lesca)



Salut François, tout d’abord, peux-tu te présenter ?

Je viens de Normandie mais je suis arrivé en Auvergne vers mes 14 ans. J’ai été pris en section sport-étude ski de fond et j’ai fait des compétitions de ski de fond, de cyclisme et de ski alpinisme jusqu’à mes 23 ans. Ensuite, j’ai tout arrêté pour me concentrer sur le passage des Brevets d’État de ski de fond et d’escalade, puis celui de guide de haute montagne en 2010. J’ai d’abord travaillé comme guide, puis j’ai relancé ma pratique sportive personnelle sérieusement, en 2015.

Parallèlement, j’ai toujours eu envie de transcrire en vallée ce qu’on pouvait vivre en montagne et en sport en général. Alors j’ai travaillé ma capacité à filmer pendant l’effort, pour pouvoir être au plus près de la réalité. Depuis 2 ans, je propose mes services pour faire de l’image dans les évènements sportifs. On me sollicite également de plus en plus pour des prestations de drones, même si pour ma part je trouve que cet outil ne permet pas d’être dans le feu de l’action. J’ai profité de l’année 2020 pour passer les formations adéquates et devenir pilote de drone. En plus, aujourd’hui les drones sont plus légers. Cela me permet par exemple de courir avec, en le mettant dans un sac à dos de trail. Pour la sortie du Sancy, pas de drone, j’ai accroché la GoPro à mon bâton et j’ai skié tout en filmant.

Dans la forêt de Charlannes (crédit photo : François Lesca)

Comment, avec tes 3 copains, vous est venue l’idée de faire cette sortie de 90 km en ski de fond dans le massif du Sancy ?

J’avais déjà fait le tour du Sancy il y a quelques années, par conditions de neige favorables. J’étais parti de chez moi en passant par les pistes de ski alpin, avant l’ouverture des stations. J’avais fait au plus court, le parcours faisait 55 bornes. J’avais trouvé ça tellement dément que je voulais le refaire avec des copains pour partager une aventure super sympa. Cette année, vue la neige qu’il y avait, j’ai commencé à passer 2, 3 coups de fil. Là, d’un seul coup, toutes les planètes se sont alignées : neige à basse altitude, tous les copains dispos, conditions météo top, stations fermées en alpin. Le fait d’avoir tout ça, on s’est dit qu’on pouvait faire un plus grand tour en passant par tous les domaines autour du Sancy. Il y a 8 entrées différentes nordiques sur le massif et dans la plupart, il y a des copains qui y travaillent, que cela soit sur les dameuses ou la gestion des sites. Du coup, ça nous a permis de faire un plus grand tour, tout en faisant un clin d’œil aux amis qui bossent sur les domaines.

Montée des Plaines Brulées (crédit photo : François Lesca)

Peux-tu citer les stations que vous avez traversé ?

On est partis de chez moi, juste au-dessus de la Bourboule. On est passés par Chamablanc (entre la Stèle et le Capucin) pour trouver les pistes, puis par la Stèle pour d’abord aller passer la première porte à Charlannes. Ensuite, on est revenus pour monter par les Plaines Brulées pour franchir la porte de Chastreix-Sancy. À la Fontaine Salée, on a dû faire du hors-piste, en skiant doucement parce que sinon on s’enfonçait. Un petit coup de soleil la veille avait tassé la neige donc ça tenait tout juste. Il fallait skier un peu comme sur des œufs, mais ça tenait en surface. Il y a eu deux ou trois boîtes des copains parce qu’il suffisait parfois d’appuyer à peine plus fort pour que le ski passe au travers. Cela nous a mené à la porte de Chareire. Ensuite, on est monté par le col de la Geneste, puis descendu au Pertuyzat. On est remonté à Super-Besse où il y avait la porte du Madalet. Juste après au-dessus, nous avons enchaîné sur la Plaine des Moutons pour ensuite monter les pistes de ski alpin pour chercher le Puy Ferrand (liaison vers le Mont Dore). J’étais passé la veille pour vérifier que le passage était possible. Dans le doute, on avait tous pris peaux de phoques et crampons. On restait sur les pistes de ski mais on s’était dit : “Si jamais c’est du carrelage au Puy Ferrand, y a moyen de glisser vraiment loin !”. Avec les crampons, on était sûr d’être bon en termes de sécurité. Au final, les conditions étaient bonnes, et le ratrack était passé donc on a pu monter en skis sans problème. On est arrivé au Mont-Dore pour aller chercher Le Capucin. C’était la dernière porte, donc on est rentrés direction la Stèle pour le retour chez moi.

Montée du col de la Geneste (crédit photo : François Lesca)

Toutes les pistes sont en théories bien reliées, il y avait quand même du hors-piste à faire ?

En théorie oui mais, cette année, c’était un peu particulier. Déjà, de chez moi aux pistes de ski, il y a 1,5 km. Ensuite, en vrai hors-piste, il y a eu de Chastreix-Sancy jusqu’aux pistes de Chareire. Au moins 10 bornes. Parfois, cette portion est damée mais là, ce n’était pas le cas. Ce n’était pas tracé non plus entre les pistes de Super Besse et le sommet du Mont Dore et non plus également entre la station du Mont-Dore et Le Capucin. On va dire que sur les 90 km du parcours, ça nous a fait entre 15 et 18 km de hors-piste.

Du hors-piste pour passer la Fontaine Salée (crédit photo : François Lesca)

Traverser le domaine de ski alpin de Super-Besse, ça ne fait pas un peu bizarre ?

Ça fait bizarre de passer en ski de fond, tu passes le domaine de ski alpin donc c’est plutôt marrant de se retrouver au milieu du monde en ski de randonnée. On le voit bien sur la vidéo, mais un moment Romain a les crampons au pied. Parce que moi qui suis guide, ça m’embête toujours de voir des gens évoluer en baskets sur les crêtes alors que c’est à moitié du carrelage. Ils ne réalisent pas la dangerosité. J’ai mis l’accent pour que les gens se rendent compte qu’on a fait cela avec du vrai matériel et en ayant fait du repérage avant de se lancer. On n’y est pas y allé en dilettante à se dire : “Allez les gars, on passe en ski de fond le domaine d’alpin !”. Parce que ça, si on me demande, je réponds clairement qu’il ne faut surtout pas le faire ! Nous l’avons fait dans un cadre bien précis, avec un repérage en amont et en étant équipé de crampons au cas où, même si on savait qu’il n’y en aurait normalement pas besoin. On a vraiment mis toutes les chances de notre côté et au moindre doute, on aurait fait demi-tour. On a été très vigilants sur la sécurité, et nous l’avons fait parce que la situation était exceptionnelle avec la fermeture des domaines alpins. Encore une fois, quand on sortait des traces et sur les crêtes, c’était bien glacé donc il ne fallait vraiment pas s’y trimballer en baskets.

Début de la descente vers le Mont-Dore, joli télémark de David ! (crédit photo : François Lesca)

Quels étaient vos équipements pour la journée ?

Nous avions tous des peaux de phoque en prévision de certaines sections, notamment la Fontaine Salée. David et moi y étions passé une semaine avant et on avait brassé comme des sauvages jusqu’aux genoux. Donc on s’est dit que les peaux étaient obligatoires pour faire le tour. Par exemple, pour la montée de Super-Besse, deux d’entre nous ont mis les peaux. Romain et moi étions en ski de fond nus puis avons terminé avec les crampons. Donc pour résumer, niveau matériel nous avions peaux de phoque, crampons d’alpinisme, petite doudoune, pharmacie collective, kit de réparation du matériel, à boire et à manger, téléphone et caméra.

Romain en crampon en direction du Puy Ferrand (crédit photo : François Lesca)

Du coup, les peaux de phoque doivent être recoupées pour être adaptées à un ski de fond ? Et les crampons, pour les chaussures de ski de fond ?

Pour les peaux, tu en prends de ski de rando que tu recoupes effectivement à la largeur de tes skis de fond. Pour les crampons, on prend des crampons de randonnée à lanière, qui peuvent se mettre sur des chaussures pour faire de l’évolution sur des terrains relativement plats. Du coup, on peut l’adapter pour des chaussures de ski de fond parce qu’on savait qu’on allait marcher sur une piste de ski bleue pas très raide au Mont Dore.

Au sommet, Greg et David en peaux de phoque avec Romain caché derrière (crédit photo : François Lesca)

Alors, c’était quoi le plus rapide ? Avec ou sans peaux de phoque ?

On est arrivé ensemble au sommet. Greg et David ont mis les peaux, Romain et moi sommes montés en canard puis en crampons. Et au final, on s’est retrouvé quasiment côte à côte à l’arrivée au sommet !

David se prépare pour la descente : on enlève les peaux et on met la doudoune (crédit photo : François Lesca)

Un peu de data à donner ? Km, temps, D+, etc ?

Entre l’heure de départ et l’heure d’arrivée, on a mis 8 heures. Romain lui à sa montre avait 7 heures, un truc comme ça, mais cela ne représente que le temps de ski. Et puis il faut dire qu’on s’est arrêtés plusieurs fois en croisant des connaissances. On n’y est pas allé pour faire un temps, on regardait la montre uniquement parce qu’on avait des contraintes d’horaires. C’était quand même une bonne journée : les copains sont arrivés chez moi le matin pour prendre le petit déjeuner et s’équiper. Nous sommes partis à 7 heures puis nous sommes rentrés à 15 heures. Nous avons mangé un morceau ensemble, puis chacun est reparti à sa petite vie.

Tracé GPS de la sortie dans le Sancy : 90 km/2 500 D+ (crédit photo : François Lesca)

Une anecdote, d’autres challenges réalisés ou à réaliser ?

Pour l’anecdote, avant de remonter au Capucin, on a beaucoup hésité à faire le crochet par le Guéry. Mais ça nous aurait rajouté 4 h et entre les contraintes horaires de chacun et le couvre-feu, ça faisait trop juste.

Deux semaines plus tard j’y suis allé avec Paul Lucci qui fêtait ses 25 ans et on trouvait chouette d’y faire 100 km, malheureusement les amis étaient pris par le travail et n’ont pu venir. On aurait aussi aimé faire un « couvre-feu-couvre-feu », à La Stèle car très proche de chez moi, on aurait pu skier de 6h05 à 17h55… Mais il ne fut pas possible « d’aligner toutes les planètes », alors avant que la neige disparaisse j’y suis allé seul faire une sortie de 100 km. Ce ne sont pas les idées qui manquent mais aligner des planètes ce n’est pas une activité facile ! 🙂

Cette année on aurait bien aimé aussi faire la Grande Traversée du Jura, surtout avec notre préparation du moment, mais elle était annulée. Il y a plein de trucs chouettes à faire en fond. Par exemple en Suède, il y a la Red Bull Nordenskioldsloppet qui fait 220 bornes, ou la Vasaloppet : 90 km tout en poussée à deux bras et sans fart de retenue ! Donc il y’en a des chantiers à se mettre !

Les compères en route vers Super-Besse (crédit photo : François Lesca)

Une conclusion pour cette sortie ?

L’idée de la sortie, c’est juste une bande de potes qui prend du plaisir à faire le tour de toutes les stations et des copains qui y bossent. Ça nous fait également très plaisir de montrer notre région, parce qu’on est tous chauvin. C’est une fierté de dévoiler sa beauté et sa skiabilité en ski de fond. Par les temps qui courent, on peut vivre de superbes aventures sans aller à l’autre bout du monde. On a déjà tout plein de trucs en Auvergne et ça nous permet de vivre de super moments malgré les contraintes qu’on vit actuellement.

Pour en savoir plus :


Quitter la version mobile